Invité au podcast Drette su’l tape, animé par l’humoriste David Beaucage, l’ancien attaquant du Drakkar de Baie-Comeau Benjamin Breault s’est ouvert tant sur sa carrière de hockeyeur que sur sa vie personnelle. Au cours de cet entretien de plus de 90 minutes, il a été longuement question du passage de Breault à Baie-Comeau et de sa présence très importante dans le célèbre documentaire Junior, réalisé au cours de la saison 2005-06. Figure plutôt controversée dans l’histoire du Drakkar, il a également profité de l’occasion pour mettre les pendules à l’heure au sujet de quelques événements qui ont entaché sa réputation à Baie-Comeau.

À l’âge de 17 ans, il fait partie des quelques joueurs qui seront suivis de près par Isabelle Lavigne et Stéphane Thibault, réalisateurs du documentaire Junior, relatant les événements qui se déroulent dans les coulisses d’une équipe junior au Canada. Jeune joueur prometteur à son année de repêchage, Breault semblait donc être un sujet particulièrement intéressant. Après 15 ans, on parle encore du film aujourd’hui, preuve de son importance. 

« Ça a été une saison où on a vraiment passé à travers de périodes difficiles. On n’avait pas un super bon club, fait qu’y a beaucoup d’affaires qui sont arrivées; surtout deux dans le film auxquelles je peux penser, avec les deux Ryan : un avant la photo d’équipe (Hand) et l’autre avec l’échange qui a été un double échange, mais que l’organisation était aucunement au courant (Lehr). Ça ça a été un peu rough. Je te dirais que s’il fallait que tu prennes ce film-là, c’est pas ça qui se passe dans tous les clubs à toutes les années. Y’a eu des événements dans cette année là, comme avant la photo d’équipe, ça arrive pas souvent. Ça a été une situation un peu particulière. »

D’un point de vue plus personnel, le documentaire a probablement été à l’origine des premiers accrocs entre Breault et les partisans du Drakkar. Le montage du film n’a peut-être pas rendu justice à la personne qu’il était à ce moment et certains en ont profité pour le prendre en grippe.

« Y’ont tellement filmé de choses, j’avais aucune idée de ce qu’y allaient prendre et de ce qu’y allaient pas prendre. […] Pour être franc, j’avais aucune idée dans quelle direction y allaient emmener ce film-là. Sur le coup, c’était un peu bizarre. La première fois que j’ai vu le film, c’était au cinéma à Baie-Comeau, y faisaient comme une première. Pendant le film j’étais comme : ‘’Criss, me semble ça me fait pas bien paraître ça. J’ai pas l’air bon là-dedans.’’ Y’avait eu la portion où, apparemment, j’étais dans un club à Baie-Comeau jusqu’à 3h du matin la veille d’une game. »

Breault revient d’ailleurs sur ce fameux incident du bar, qui lui avait donné mauvaise presse dans la région. Selon ses propos, on peut comprendre qu’un simple événement a vraiment été monté en épingle lorsque la machine à rumeurs s’est emballée.

« Vraiment, j’étais dans une salle de billard, j’avais été prendre une grosse bière avec un de mes chums et une fille, j’étais revenu genre 10 min en retard de mon curfew. Sauf que Baie-Comeau, c’est tellement une petite communauté, super bon monde, mais les rumeurs peuvent se propager très rapidement. Finalement, ça a été que j’étais sur le speaker box au bar l’Entrepôt à Baie-Comeau. […] Finalement, cette petite soirée-là, ça avait un peu tout ruiné. Après ça, l’équipe se met en contact avec un des gars de pension, qui était policier. Lui était en charge de voir si j’étais dans les bars le soir. »

Au terme de cette saison, Breault est repêché par les Sabres de Buffalo, en toute fin de repêchage, au 207e rang. Ce n’est toutefois pas seulement une saison de hockey qui se termine, mais également le film auquel il participait depuis plusieurs mois. 13 ans plus tard, il en garde un souvenir particulier.  

« J’ai trouvé qu’il y avait tellement de négativité dans le film, tellement d’incidents… Me semble que moi, si j’étais un parent d’un jeune pis je regarde ça, ça me donnerait pas trop trop le goût de l’envoyer dans le junior majeur après avoir vu ça. D’un autre côté, si tu connais un peu mon histoire et mon parcours par la suite, le parcours de R.J. Hand après qu’y se soit fait mettre dehors d’une équipe junior, […] c’est que dans le junior c’est bien beau, mais ça va pas dicter nécessairement ton futur. »

Son séjour à Baie-Comeau se termine deux ans plus tard, à la fin de la saison 2007-08. Au premier tour des séries éliminatoires, les hommes d’Éric Dubois font face à l’Océanic de Rimouski. À la surprise générale, l’Océanic sort gagnant de ce duel en seulement 5 parties, bien qu’ils aient récoltés 29 points de moins que le Drakkar au cours de la saison. Pour ce qui de Breault, c’est suite à cette dramatique fin de saison qu’arrive une autre petite controverse.

« Ça avait mal fini. Le négatif s’est propagé d’une façon incroyable. À ma dernière saison à Baie-Comeau, on se fait éliminer en playoffs par Rimouski. […] La saison finit, j’organise mon voyage pour revenir à Montréal, chez mon père. Sauf qu’y avait eu un 5 à 7 avec le fan-club du Drakkar organisé pour le vendredi soir, que j’allais pas être là. […] J’ai skippé le 5 à 7, pis je pense que le monde a vraiment pas aimé ça. Ça a fini en queue de poisson un peu. Après ça, les rumeurs se sont propagées que je m’étais pogné en dehors de la glace et dans la chambre avec François Bouchard, un gars avec qui j’ai joué depuis l’âge de 16 ans jusqu’à 19 ans. On avait une très bonne relation ensemble jusqu’à ce temps-là. Ces rumeurs-là se sont propagées, c’était pas super. »

Au cours de l’été, le numéro 36 du Drakkar demande une transaction. Le Drakkar allait amorcer une période de reconstruction et Breault souhaitait pouvoir se rapprocher de sa famille, peu importe l’endroit. Finalement, il est échangé aux Remparts de Québec.

On s’en rend beaucoup moins compte aujourd’hui, mais les Remparts sont très fortement détestés à Baie-Comeau. Les rivalités ne sont plus ce qu’elles étaient, mais en 2008-09, on haït viscéralement les Remparts à Baie-Comeau. Inutile de mentionner que les partisans du Drakkar ont donc une dent de plus contre Breault.

Au printemps 2009, la situation atteint son paroxysme. D’abord, le 11 mars, alors qu’il reste 3 matchs à la saison régulière, les Remparts sont en visite à Baie-Comeau. En fin de première période, un contact survient entre Breault et Emrick Guillemette, qui est projeté dans la bande tête première. Breault est chassé pour 2 minutes, mettant en furie Éric Dubois est l’ensemble des partisans présents au Centre Henry-Leonard ce soir-là, particulièrement en raison du fait que Guillemette est transporté à l’hôpital. L’organisation du Drakkar porte plainte à la LHJMQ, mais Breault ne sera finalement pas suspendu. 

Quelques jours plus tard, la saison se termine et on confirme les affrontements du premier tour des séries. Qui seront les adversaires du Drakkar? Évidemment, il fallait que ce soit les Remparts. Pour les matchs numéro 3 et 4, tenus à Baie-Comeau, les partisans du Drakkar attendent Breault avec une brique et un fanal, le huant copieusement chaque fois que c’est possible. 

C’est au second entracte du quatrième match que se déroule l’événement le plus déplorable de toute cette saga. En entrevue avec un journaliste de la télé communautaire, le vétéran de 20 ans est en quelque sorte piégé, alors que les questions ont rapport avec l’incident Guillemette et les rumeurs qui circulent à son sujet depuis quelques années, plutôt que sur le match ou la série. Cette regrettable entrevue est d’ailleurs jouée intégralement au cours du podcast.

L’attention négative, voire la haine portée à l’endroit de ce jeune homme avait vraiment pris des proportions importantes. Trop même. En 2008-09, alors que les Remparts étaient en visite à Baie-Comeau pour un match (saison ou série, je ne m’en souviens plus), l’annonceur maison prend le micro pour annoncer qu’une aide est accordée à Benjamin Breault sur un but marqué un peu plus tôt. J’ai le souvenir très clair d’un ex-membre de l’organisation du Drakkar, juste à côté de moi, penser tout haut: « Bon, le petit criss est allé se téter une passe. » Que des partisans disent certaines choses, c’est possible, mais un membre de l’organisation, ça passe moyen, disons. 

Aujourd’hui, Breault habite l’Australie, où il vit en compagnie de sa conjointe. Une décennie après son passage junior et malgré tous ces événements, Breault garde toutefois de bons souvenirs de son passage sur la Côte-Nord. 

« J’ai vraiment aimé mon expérience à Baie-Comeau. Ça a été super. J’ai eu Éric Dubois comme entraîneur-chef pour trois de mes quatre années; il était entraîneur adjoint à ma première année comme recrue. Avec Éric Messier comme assistant-coach, c’est lui qui m’a vraiment appris comment jouer en désavantage numérique. Super belle pension, j’ai créé des super belles amitiés dans ces années-là. Ma meilleure amie vient de Baie-Comeau, on se parle 2-3 fois par semaine encore aujourd’hui. C’est du très bon monde. Quand ça va négatif, ça peut se propager négativement très rapidement aussi, mais en même temps, faut tu fasses attention. »

On retrouve le nom de Benjamin Breault à quelques endroits très avantageux dans le livre des records du Drakkar de Baie-Comeau. Ses 119 buts le placent au 4e rang dans l’histoire de l’équipe, ses 146 aides au 6e rang et ses 265 points au 3e rang.

Pour écouter la discussion entre Benjamin Breault et David Beaucage, vous pouvez y accéder au http://drettesultape.com/, mais également sur YouTube.

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