Véritable bombe dans le petit monde de la LHJMQ il y a quelques jours, alors qu’on apprenait le 26 juillet en soirée que le directeur-général du Drakkar, Pierre Rioux, faisait ses valises. Celui-ci s’est vu offrir une opportunité en or; un job avec une équipe de la LNH, dont l’identité n’est toujours pas connue. 

On avait cru une catastrophe à la Jon Goyens durant quelques minutes, encore une. Heureusement, les circonstances se sont clarifiées quelques minutes plus tard et on est un peu descendu de nos grands chevaux.

Les conséquences sont toutefois les mêmes au final. Tout le monde est content pour Pierre Rioux, bien sûr, mais les nord-côtiers se retrouvent sans directeur-général. Le conseil d’administration a décidé de faire confiance à Jean-François Grégoire et de lui donner une promotion: il occupera les deux fonctions.

Disons que le sherbrookois gravit les échelons assez rapidement à Baie-Comeau. D’abord embauché à titre d’entraîneur-adjoint en 2018, il est devenu entraîneur-chef deux ans plus tard. Deux autres saisons passent et il possède maintenant une grosse partie du contrôle sur le Drakkar, à la fois à la direction générale et aux commandes des troupes.

Il se trouve que cette situation en fait sourciller plus d’un, votre humble serviteur inclus. D’abord, ai-je été surpris de sa nomination? La réponse est non. On veut qu’il y ait une stabilité dans l’équipe, on connait tous ce discours. D’un autre côté, on connait aussi les difficultés du marché de Baie-Comeau. Ce n’est pas une organisation très fortunée et ce n’est pas évident de convaincre quelqu’un de l’extérieur de s’y installer. Il ne faut pas oublier que parmi les avantages d’embaucher Jean-François Grégoire, il y a le fait qu’il est déjà à Baie-Comeau. C’est un atout.

Ensuite, parmi les choses qui accrochent, plusieurs personnes ne sont pas d’accord qu’une même personne occupe le poste d’entraîneur-chef et de directeur-général simultanément. C’est évident, ce sont deux tâches déjà difficiles à accomplir individuellement, encore plus lorsque l’on doit porter les deux chapeaux en même temps. Dans de telles circonstances, est-ce qu’on peut vraiment être optimal sur l’une des deux? La question se pose certainement.

Il n’en demeure pas moins qu’environ un tiers des équipes de la LHJMQ ont un entraîneur-chef qui est aussi directeur-général. Si c’était impossible à concilier, il n’y en aurait pas autant. J’ajouterais même qu’à titre personnel, les trois hommes de hockey pour qui j’ai le plus d’estime dans la LHJMQ sont Serge Beausoleil, Jim Hulton et Yanick Jean. Trois hommes qui occupent les deux fonctions dans leurs équipes respectives.

En ce qui me concerne, c’est parfaitement possible de réaliser la tâche. Cela a même certains avantages. Oui, c’est beaucoup de travail, mais on ne peut pas vraiment assister à un problème entre l’entraîneur et son directeur. Au bout du compte, quand on port les deux chapeaux, c’est l’entraîneur qui choisit ses joueurs, que ce soit pas le biais du repêchage ou de transactions. La devise it’s my way or the highway est beaucoup plus facile à appliquer quand le pilote est aussi son patron immédiat. L’identité est plus facile à établir, etc.

Néanmoins, les questions semblent plus légitimes au niveau de l’individu. Est-ce vraiment l’idéal avoir Jean-François Grégoire comme entraîneur-chef et directeur-général à ce point ci de sa carrière?

Comprenez-moi bien: je n’ai rien à reprocher à Grégoire personnellement. À ma connaissance, il a généralement une bonne réputation dans la ligue, ce qui est un atout non négligeable. Je pense toutefois que son expérience est très mince considérant la lourde tâche qui se présente devant lui. Je disais que c’est possible de bien faire des deux côtés à la fois, mais je n’ai pas dit que c’était facile.

Avant de combiner les deux emplois à Chicoutimi, Yanick Jean a été entraîneur dans la LHJMQ pendant plus de 10 ans. Jim Hulton a été plusieurs années entraîneur-chef dans la OHL, dans la USHL, dans le circuit universitaire canadien, même deux ans comme adjoint dans la LNH. Louis Robitaille a été entraîneur-chef à Victoriaville pendant 4 ans en plus de quelques années comme adjoint à Drummondville et Val d’Or. L’expérience de Jason Clarke est presque nulle dans la LHJMQ, mais il a été propriétaire, gérant et entraîneur-chef dans le junior A en Ontario durant plus de 15 ans. L’expérience la plus mince: Serge Beausoleil. Il a été 3 ans entraîneur-chef de L’Océanic avant de faire les deux boulots. Néanmoins, il avait été entraîneur-chef plusieurs saisons dans le Midget AAA.

De son côté, Jean-François Grégoire a été adjoint 5 ans dans la LHJMQ et entraîneur-chef 2 ans. Honnêtement, ça me semble peu.

À moins de ne pas avoir toute l’information, certains de ses homologues n’avaient pas nécessairement beaucoup d’expérience en gestion avant d’être promus. Ça n’empêche pas que certains d’entre eux sont très bons à le faire malgré tout. Néanmoins, ils avaient tous plus d’expérience derrière le banc au moment de leur promotion qu’en a Grégoire actuellement. Il est encore selon moi un «jeune entraîneur» dans la LHJMQ. De plus, de la façon dont le départ de Pierre Rioux s’est fait, ça ne donne pas l’impression qu’on le préparait à devenir directeur-général éventuellement.

Est-ce que ça signifie que ça ne fonctionnera pas? Non. Il y a cependant bien des défis à l’horizon. Déjà, le Drakkar est l’une des équipes de la LHJMQ qui passe le plus de temps sur la route en raison de la distance. Un directeur-général peut se permettre de ne pas suivre son équipe en tout temps et peut se concentrer à ses tâches en restant à la maison. Quand on est entraîneur-chef, on n’a pas ce luxe. 

Peu importe la personne en poste et peu importe le marché, j’ai la ferme impression que le dirigeant doit être entouré d’une équipe solide et de confiance. J’espère que l’organisation baie-comoise va faire ce qu’il faut pour entourer Grégoire correctement. Je souhaite de tout coeur qu’avant le début de la saison, on annoncera l’arrivée d’une personne d’expérience à titre d’adjoint au directeur-général ou à un autre poste X de direction des affaires hockey. 

Le Drakkar n’est pas une organisation très fortunée, comme mentionné plus tôt. Pas mal certain que ça fait plus mal au coeur au bâton brisé à Québec et Halifax qu’à Baie-Comeau, disons. Il n’en demeure pas moins que Jean-François Grégoire aura besoin d’aide et pas de l’aide de n’importe qui.

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